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Claude Louis Combet, « Le nu au transept » ou les noces de la chair et de la foi

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 On peut s’imaginer, et suivre alors quelque personne qu’il me déplaît de citer, que la religion, et singulièrement la religion catholique chrétienne, n’est rien d’autre au fond, qu’une vaste illusion en même temps qu’une croisade bimillénaire lancée contre le désir, la chair et l’ordre du corps en général, contre tout ce qui constitue pour nous les lieux de jouissance et de possibilité de bonheur. Mais si l’on veut faire autre chose qu’imaginer et autre chose que fomenter, depuis les recoins scabreux d’une pensée névrosée, des projets subversifs à l’endroit du religieux, bref si l’on veut s’attacher à penser, il convient sans doute d’appréhender différemment et dans sa complexité propre, c’est à dire, dans sa réalité, le rapport entre cette tension vers l’absolu, c’est à dire vers l’être, qu’est la religion et cette tension vers le relatif, c’est à dire vers le monde, qu’est le désir. Tel est le chemin qu’emprunte Claude Louis Combet dans cet ouvrage à travers le récit, ou plutôt, la confession, sans doute fictive, que lui fait un ami, homme de foi de son état, relativement à une expérience qui fut pour lui l’épreuve de sa vie puisqu’il lui fut donné d’éprouver, dans toute sa sublime et fabuleuse puissance, le désir. L’histoire, qui nous est merveilleusement contée par Claude Louis Combet, s’ouvre sur la contemplation d’une toile de Courbet intitulée « la baigneuse à la source », toile qui est l’occasion, pour le protagoniste de cette histoire, Joseph, destiné à la prêtrise, d’une réminiscence ou plutôt de la révélation de ce qui n’a cessé de hanter sa pieuse existence et de remplir ses pensées les plus dévotes. Un soir, au sortir, de la cathédrale de Bourges, Jospeh, alors qu’il chemine sur la route et dans ses pensées, sent dans son dos une présence. Il se retourne et découvre avec stupéfaction une femme toute nue, d’une grande beauté, et qu’il repousse violemment, pétri par ses lectures, d’un signe de croix comme s’il s’était agi d’exorciser le Malin. Jospeh, le jour suivant, retournant à la cathédrale pour y prier, fera de nouveau la rencontre de celle qu’il appellera, sans jamais pourtant l’appeler, Maria, qui se dévoilera toujours à lui et à lui seulement et toujours dans son plus simple appareil. La scène se répétera de nombreuses fois sans que jamais une parole soit échangée et sans jamais qu’un tiers puisse en être témoin. De sorte que Maria, comme Ève finalement, semblerait presque sortie d’un rêve, comme une succube qui viendrait halluciner la conscience du jeune prêtre afin de travailler la foi de ce dernier pour donner du corps et peut être du cœur à l’engagement de l’homme sur le sentier sinueux mais lumineux de la sainteté. C’est la quintessence de l’érotisme que nous décrit Claude Louis Combet, puisque, comme Joseph, nous touchons seulement du regard la beauté nue de Maria, en bénéficiant des très belles photographies qui illustrent le texte et qui révèlent une beauté blonde qui ne nous offre jamais que le visage de son corps nu. La langue de Claude Louis Combet est parfaitement maîtrisée, limpide, riche, et l’histoire, simple dans sa trame, recèle de nombreuses aspérités pour qui désire penser ce que la pensée désire, à savoir le désir ou l’absolu, là où le désir se fait absolu et où l’absolu se fait désir, là où le sommet du triangle de la trinité divine est pointé vers la  terre comme pour nous rappeler à la femme comme à l’humilité. Lisez ce texte magnifique et laissez vous émerveiller par la poésie de la langue et l’érotisme des images.

Herve Bonnet

PS : Qu’il me soit permis, ici de remercier chaleureusement François-Marie Deyrolle pour l’envoi spontané de ce très bel ouvrage.

Claude Louis Combet, Le nu au transept, éditions L’atelier contemporain.


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